Crédit photo : ©Philippe Quevauviller
Né en 1959 à Oujda (Maroc), Mo Belhachemi fait ses premiers pas en France car ses parents ont débarqué à Paris pour des raisons économiques. Ils vivent un peu à l’étroit en famille dans le 18ème arrondissement puis un HLM en Seine Saint-Denis avant de trouver plus d’espace dans un pavillon à Roissy en Brie en 1973… Il travaille à la SNCF pendant deux ans, se fait engueuler un matin pour cause de retard et claque la porte sans réfléchir. Il se retrouve taxi parisien et le restera pendant 32 ans, ce qu’il ne regrettera pas. Entretemps, il se marie, a deux enfants, et s’installe à Joinville le Pont…
En plus de 30 ans de taxi, on en transporte du monde ! Mo estime avoir croisé la route de plus de 150.000 personnes. Certaines rencontres sont magnifiques, il y bâtit même de solides amitiés, d’autres sont moins agréables, c’est le pendant de la phrase de Vinicius de Moraes qui dit « la vie est l’art des rencontres » mais qui rajoute « bien qu’il y ait tant de mauvaises rencontres dans cette vie ». Parmi les rencontres moins plaisantes, il y a cette misère qu’il croise au fil des rues, une solitude qui le bouleverse et dont il fixe l’image au cours de ses tournées parisiennes.
Sa rencontre avec Pierre Barouh est digne d’in scénario de cinéma. Ce dernier, demeurant dans le 5ème arrondissement, avait pour habitude de se déplacer en scooter… qui tombe en panne un matin. On lui propose d’appeler un taxi, il refuse, part à pied, et décide finalement de sauter dans le taxi de Mo. Un petit trajet pour une grande amitié qui sera éternelle. Pierre et Mo se retrouvent régulièrement, partagent de mêmes valeurs, s’enthousiasment, s’indignent, font de belles rencontres… les photos prises par Mo passionnent Pierre, qui découvre que Mo est en plus peintre à ses heures. Il va l’aider à monter des expos avec pour objectif de contribuer à aider le Samusocial et une association « Les passeurs d’art » (qui vient en aide aux enfants par la musique).
Et puis Pierre est parti, semant du pollen qui fera germer de belles amitiés… l’une d’elles est celle de Philippe Quevauviller qu’il croise du regard le jour de l’adieu à Pierre à Montmartre. Ils se revoient lors d’une soirée Saravah organisée par Benjamin, fils de Pierre, et la rencontre est évidente… Mo devait venir faire une expo de ses peintures et photos à Bruxelles en mars 2020, avec l’ami commun, Éric Guilleton, mais une toute petite bestiole en a décidé autrement. Il reviendra donc, et cette petite famille Saravah se renforce au fil des ans en se retrouvant à Bruxelles, Paris, en Vendée…