Crédit photo : ©Milena Strange
Née en 1965, Odile Barlier se forme à l’école musicale par l’étude du violoncelle et de la danse classique au conservatoire de Metz. Elle suit des études de Beaux-Arts également à Metz, où elle acquiert des techniques de dessin, photos, sculpture… et part vivre au Pays Basque. C’est là qu’elle commence l’apprentissage de la musique afro-cubaine avec Christophe Roquefer, puis de retour dans l’est, avec Jacques Tellitocci, Olivier Congar, Guy Brogle. Elle aime jouer dans des groupes de salsa, dont Batingas, Tierrabrava, Son Del Sol, mais sa curiosité artistique, ses trois maternités, l’attirent ailleurs. Odile aime la musique « sauvage », celle qui se fait spontanément avec un souffle dans les arbres, la résonance d’un objet, l’écoulement de l’eau, la vie du village, l’activité urbaine… la poétique musicalité de la vie quotidienne. En 2001, elle crée son propre espace de jeux, la Cabane à ouïr, qui devient son instrument de musique dans lequel elle aime inviter le public ou d’autres artistes. Cette initiative est née d’une commande de Scène et Territoire en Lorraine visant à créer un espace sonore dans une ancienne bergerie, dans lequel, avec deux autres percussionnistes (Jacques Tellitocci et Jérôme Hulin), se produisent des concerts de musique improvisée, proposant au public de découvrir par lui-même les capacités sonores d’objets hétéroclites.
Odile observe qu’il n’est pas toujours facile de se mettre en état d’écoute. Elle développe donc une approche pédagogique autour de l’écoute : de l’environnement, mais aussi de soi, des autres, savoir prendre ou ne pas couper la parole… qui s’adresse et s’adapte à tout type de public. Sa « cabane » est un assemblage de tiges de noisetier maintenues par des lanières de chambre à air, lui permettant de suspendre ou de poser des objets glanés au gré de ses aventures… des pierres qui chantent, des bois « chuchoteurs », des tambours d’eau, des pots en terre cuite, des fers à béton, des éclats de porcelaine ou des flûtes à eau. Peu à peu, au fil de ses rencontres et expériences artistiques, elle développe la pratique de la voix et intègre le chant dans ses compositions. Dans son dispositif, Odile écoute ce que les matières lui donnent à entendre, et converse avec elles sur des morceaux de musique écrits ou improvisés, sur des chansons ou des textes illustrés. La part d’improvisation est importante car elle ouvre un espace de confiance partagée avec le public dans lequel « l’extérieur », ce qui vient de la matière, de l’environnement, du public lui-même, dirige le jeu. Elle peut être alors totalement à l’écoute et devenir elle-même instrument. La part écrite des textes, des chants et de la musique lui permet de creuser autour du sujet, de cibler les sensations, de jouer du plaisir de raconter une histoire. Grâce à cet « instrument » joué en acoustique est né un premier duo, Oïso, avec Lise Garnier (chanteuse tromboniste), puis d’autres, pluridisciplinaires, avec Diane Vaicle (cordiste), Christophe Beranger (danseur), ou avec des invités, Camille Perrin (contrebassiste clown), Meriem Rezik (batteuse), Zongo Geraldine et sa tradition ancestrale de percussion subaquatique AKUTUK… Sa croisée de chemin avec Bossa Flor se fait par le biais de sa rencontre avec Didier Sustrac, qu’elle rejoint pour des concerts à Bruxelles en 2019 et 2020, et l’album « Marcher derrière » qui a été présenté, entre autres, dans le cadre de la saison Bossa Flor 2020-2021.