Crédit photo : ©Philippe Quevauviller
Emmanuel de Ryckel nait au Congo au milieu des années 50, au sein d’une famille nombreuse et traditionnelle belge. Depuis très jeune les études ne le passionnent guère, mais de fil en aiguille, encouragé par le milieu familial, il finit par décrocher un diplôme en Economie et Finances à HEC Liège, puis s’installe progressivement dans ce que ses proches appellent « une belle situation » au sein de l’Organisation et de la Planification Industrielle dans l’industrie Pharmaceutique. Depuis 20 ans, il a pris le statut certes plus périlleux de « Free Lance » mais qui correspond pleinement à son besoin éperdu de liberté et de créativité, qu’il aurait tout aussi bien pu exprimer au travers d’un statut d’artiste qu’il n’a finalement pas choisi.
Depuis tout petit en effet, Emmanuel n’avait qu’un rêve : la musique.
La musique, non pas pour la jouer mais pour l’écouter, la déguster, la faire partager aux autres. Sans vraiment qu’ils en eussent le choix, ses plus jeunes frères et sœurs étaient régulièrement embauchés par ses soins pour écouter les programmes de radio et les Hit-Parades qu’ils leur concoctait. Enfant, il rêvait des heures entières face à l’unique transistor Philips que possédait la famille alors installée à Bruxelles.
Ainsi il rêvait, il flânait sur des airs de Gilbert Bécaud, Henri Salvador, Nino Ferrer, Christophe, Adamo et tant d’autres. Leurs visages lui restèrent longtemps inconnus, mais leurs noms se fixaient pour toujours dans sa mémoire, et restèrent longtemps affichés au fronton d’un Olympia qui n’existait alors que dans son imagination. Les années 60 lui apportèrent la chanson française, les années 70 la Soul Music et puis tout naturellement le blues, les années 80 le jazz.
A la fin des années 90, un hasard professionnel le conduisit à Rio de Janeiro, une ville dans un pays qui jusqu’alors n’avait pas représenté le moindre intérêt pour lui. Le coup de foudre pour cette ville, sa nature, sa population, son architecture fut immédiat, lui rappelant immanquablement les racines africaines de sa naissance. Les longs week-ends de détente à Rio lui offrirent l’occasion d’explorer en détails la ville, mais surtout d’écumer les multiples boutiques de disques encore nombreuses à l’époque à Copacabana et Ipanema. Son goût pour le jazz lui fit naturellement découvrir et approfondir son goût pour la Bossa Nova.
Il découvrit aussi à cette occasion, que les idoles de son enfance dans les années 60, avaient laissé de nombreuses traces au Brésil. Emmanuel se mit alors à entamer des recherches des deux côtés de l’Atlantique, sur tout ce qui liât le Brésil et la France par le biais de la chanson populaire. C’est en travaillant sur un projet d’Hommage à Jean Sablon à Rio qu’il se lia d’amitié un jour à Paris, avec Pierre Barouh.
En 2000 c’est le déclic : Henri Salvador sort son chef-d’œuvre « Chambre avec vue » avec le standard « Jardin d’hiver ». En découvrant cette chanson un dimanche à la télévision, son enfance avec Henri Salvador et sa « Minnie petite souris », et le Brésil se rejoignirent en un instant. A partir de cette découverte, Emmanuel n’aura de cesse de remonter aux sources de l’histoire liant Henri et le Brésil. En 20 ans, alliant ses recherches sur la musique et ses activités professionnelles, il effectuera plus d’une centaine de voyages à Rio. En 2005, il finit par rencontrer Henri Salvador, découvrant ainsi qu’avec un peu d’audace et de persévérance, tout devient possible, y compris atteindre des étoiles qui semblaient inaccessibles. Il joint ainsi un peu plus tard Henri au téléphone à Paris, afin de lui proposer de revenir sur les traces de ses heures de gloire au Brésil.
Profitant de son passage à Rio en 2006 pour graver son dernier disque « Révérence », Emmanuel organise sous le Spotlights des caméras de TF1 le retour de son artiste préféré au Casino de Urca, là où il franchit les premiers obstacles le menant à la gloire, au sein de l’Orchestre de Ray Ventura et ses collégiens, en 1942. Cet ultime voyage à Rio pour Henri, est aussi l’occasion pour Emmanuel et son ami Carlos Albert Afonso de la Toca do Vinicius, de l’inviter à Ipanema berceau de la Bossa Nova, afin d’y graver ses mains pour le projet de « trottoir des célébrités » de ce quartier mythique. A cette occasion le public carioca massé dans la rue rendra un ultime hommage vibrant à Henri, que ne reviendra plus jamais au Brésil.
Au cours de ses recherches et de ses projets Franco-brésilien, Emmanuel se liera aussi d’amitié avec Dominique Cravic, Maurice Pon, Georges Henry et Micheline Day, anciens collégiens de Ray Ventura, Paulo Costa, Emmanuel Donzella, Catherine Salvador, mais aussi avec les chanteuses brésiliennes Leny Andrade, Paula Morelenbaum, Joyce Moreno, et Wanda Sà. Il fréquenta également tout un temps Toots Thielemans, qu’il conduira également à graver ses mains au « Trottoir des célébrités » de Ipanema, tout comme son ami Pierre Barouh.
Grâce à sa revue « Bossamag.com » créée en 1998, il fait la connaissance de toute une palette d’artistes ayant marqué l’histoire de la Bossa Nova : Jonnhy Alf, Billy Blanco, João Donato, Carlos Lyra, Roberto Menescal, Jaques Morelenbaum, Pery Ribeiro, Oscar Castro Neves, Marcos Valle, Stacey Kent. Toutes ces rencontres lui feront découvrir la profondeur de l’empreinte laissée par Henri Salvador dans l’âme de tous ces musiciens brésiliens.
Cela se vérifiera encore en 2016, quand à la veille du centenaire de la naissance d’Henri, à la demande de son épouse Catherine Salvador, il se lance dans l’organisation d’un immense projet de concert en hommage à l’artiste, au théâtre municipal de Rio. Tous les artistes de la Bossa Nova sans exception seront partants pour le projet, de même que Gilberto Gil et Caetano Veloso. Hélas ce projet fut brisé net dans son élan par la crise économique qui ébranla le Brésil, puis par l’arrivée d’un nouveau président font peu porté par la culture.
En attendant de réactiver ce rêve, Emmanuel travaille depuis, en France et au Brésil, sur d’autres projets visant toujours à valoriser le patrimoine musical laissé par Henri. Parmi ceux-ci, le projet « Caminhos cruzados, jazz sur le chemin du Brésil et de Henri Salvador », avec Didier Sustrac et Paula Morelenbaum, et en invités spéciaux, Dominique Cravic et Emmanuel Donzella, et le projet « Entre sombra e Luz » avec Marcos Valle, Joyce Moreno et Jaques Morelenbaum.
En 2008, Emmanuel se lia d’amitié avec un autre passionné de la musique brésilienne et plus particulièrement de la bossa nova, Philippe Quevauviller, grand organisateur d’événements musicaux liant généreusement la lusophonie et la France. Ensemble ils ont été à la base de quelques jolies rencontres entre des artistes passionné du Brésil et le public bruxellois. Emmanuel facilite entre autres les contacts de Philippe et Pierre Barouh, et participe activement à la programmation Bossa Flor depuis son tout début.
En 2018, devenu pour Catherine Salvador depuis toutes ces années, le point de contact pour tout ce qui concerne Henri et le Brésil , Emmanuel est contacté par la société Cosmopolitis Productions occupée à la préparation d’un documentaire intitulé « Face B comme bossa, l'autre histoire d'Henri Salvador ». Grace à ses contacts sur place, il organise le tournage de la partie brésilienne du documentaire, et réalise pour la Production les interviews de Gilberto Gil, Roberto Menescal, Marcos Valle, Joyce Moreno, Paula Morelenbaum.